Planète bleue, notre Terre – Partie 1

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Documentaire diffusé sur les antennes de France télévision il y a quelques semaines pour sensibiliser le grand public à la nécessité de protéger nos océans.
C’est une émission recelant une multitude d’anecdotes sur les merveilles que renferment nos océans, les comportements étonnants de ces peuples sous-marins. La fascination que déclenche ce documentaire donne l’envie et la volonté d’apprendre à connaître les océans mais surtout de les sauvegarder.


Je cite quelques-uns des traits particuliers des habitants de nos océans pour vous inciter à découvrir ou redécouvrir ce documentaire, et comprendre tout l’enjeu que représente la préservation de nos océans.

https://www.france.tv/france-2/planete-bleue/


Médecine naturelle

Les gorgones (Gorgonacea) que nous trouvons au fond des océans ou que nous pouvons ramasser sur les plages à marée basse, sont recouvertes, quand elles sont encore vivantes, de mucus aux vertus anti-inflammatoires pour les dauphins. Ces derniers font alors une sorte de ballet pour s’y frotter et se soigner.

Utilisation d’outils

Les labres à tâches noires (Choerodon schoenleinii) sont des poissons des récifs coralliens étonnants ! Il y a quelques années un plongeur australien avait filmé une séquence inédite d’un spécimen utilisant un outil pour ouvrir un coquillage. Ce documentaire revient sur cet aspect de leur comportement. Le labre cherche dans le sable et les débris de coraux, de petits bivalves, mais impossible de l’ouvrir directement pour lui. Alors il s’approche d’un corail boule présentant une excroissance très utile. Il frappe le coquillage contre l’excroissance à plusieurs reprises grâce à ses dents. Il fait preuve de précision et persévérance. Une fois percée, il n’a plus qu’à forcer avec ses dents la coquille, sa résistance étant diminuée, elle finit par céder et notre labre peut se régaler.

Travail d’équipe

Au Nord de la Norvège, des milliards de harengs (Clupea harengus) trouvent refuge dans les eaux peu profondes des fjords. Mais de redoutables prédateurs sont présents, les orques (Orcinus orca). Ce sont les plus grands rassemblements de la planète. Les orques unissent leur force pour se nourrir, ils commencent par resserrer les harengs, en tournant autour puis glissent sur le ventre et exécutent des battements de queues très violents, assommant les harengs. Ils n’ont plus qu’à recueillir les victimes de leur stratégie.

Un autre prédateur arrive dans le fjord, des baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) attirées par le bruit.  Elles approchent sous les bancs de hareng et s’élancent vers la surface la gueule ouverte et peuvent avaler jusqu’à 100 kg de poissons en une seule bouchée. Cela ne fait que 10 ans qu’elles viennent dans les fjords.

Au large de la Nouvelle Zélande une équipe étonnante se forme pour chasser. Le changement climatique a contraint les fausses orques (Pseudorca crassidens) à collaborer avec des grands dauphins (Pseudorca crassidens). Ces derniers forment déjà un grand ensemble très bruyant, ce qui guident les orques vers eux mais au lieu de les prendre en chasse ils unissent leurs forces. On assiste alors à un rassemblent de plus de 1000 individus d’espèces de cétacés différentes.

Bioluminescence et spectacle féérique

Dans la Mer de Cortez au large du Mexique, la vie explose littéralement vers septembre avec les blooms planctoniques. C’est aussi à cette période que les raies manta (Manta birostris) et mobula se regroupent. L’équipe de tournage a pu filmer pour la première fois les raies mobula se nourrissant la nuit, lorsque les nuages de plancton remontent des fonds marins. Cette prouesse a pu être réalisée grâce à des caméras ayant une sensibilité accrue à la lumière. Par les battements de leurs ailes, les raies se propulsent à travers ces nuages pour se nourrir, ce mouvement stimule alors les minuscules organismes qui s’allument en phosphorescence. Nous assistons à un spectacle céleste, les raies nagent dans un ciel étoilé sous-marin.

Oiseaux contre poissons

Les oisillons des sternes fuligineuses (Onychoprion fuscatus), présentes dans les îles de l’Océan Indien, apprennent à voler au-dessus des lagons peu profonds des atolls. Beaucoup d’entre eux tombent dans l’eau lors de leur premier essai mais le calme apparent des atolls n’est qu’un mirage. Ils doivent très vite se ré-envoler car le danger est là, les carangues à grosse tête (Caranx ignobilis). Ces poissons d’ordinaire solitaires, se regroupent dans les atolls pour attraper les jeunes oiseaux qui tombent à l’eau. Leurs capacités cérébrales sont hors normes, ils peuvent calculer la vitesse et la trajectoire des oiseaux, leur permettant de sauter à la bonne hauteur et au bon moment. Les images du documentaire sont époustouflantes et arrivent à rendre compte de toute la force de ces poissons mais aussi de toute l’agilité des oiseaux qui arrivent in extremis à en réchapper quelques fois !

Camouflage, mémoire, imprudence

La nuit dans les lagons coralliens des eaux tropicales, les prédateurs nocturnes ne manquent pas, comme la rascasse (Pterois volitans) faisant des rondes au fond de l’eau à la recherche d’une proie imprudente mais le prédateur devient parfois la proie. Les rascasses peuvent se faire attraper par les vers bobbit (Eunice aphroditois) enfouis dans le sable. Il s’agit d’un ver carnivore géant équipé de griffes tranchantes et mesurant 1 m de long.
A l’aube la lumière inonde les eaux du lagon et cela devient plus sûr pour les petits poissons comme les brèmes de mer (Pagrus pagrus) de s’y déplacer et même de repérer le fameux bobbit. Elles se mettent à plusieurs pour le débusquer en soufflant dessus, ainsi elles ne subiront plus d’attaques surprises si elles n’ont pas la mémoire courte. Mais si c’est le cas, le bobbit pourra avoir une chance d’attraper une brème imprudente et étourdie.

Partage des tâches et bon voisinage

Le poisson clown à tête blanche (Amphiprion Poplymnus) a une relation mutualiste avec une anémone de mer, l’un ne pouvant pas survivre sans l’autre. Le poisson clown est immunisé contre les toxines des tentacules de l’anémone qui sont potentiellement mortelles et fonde son foyer au sein de l’anémone. En échange, le poisson la débarrasse des débris encombrants et fournit de la nourriture avec ses déjections.
De plus la famille « poisson clown » est sous domination d’une grosse femelle, le mâle plus petit doit faire ses preuves constamment pour rester dans le foyer. Il s’occupe de toutes les tâches ménagères, dont celle de trouver un endroit sûr pour que la femelle ponde ses œufs. Or il n’y a pas de surface solide dans l’anémone, le mâle part donc à la recherche d’une surface dure. Les courants apportent quelques trouvailles, bouteilles en plastique et noix de coco. Ceci fera l’affaire, ils se mettent alors à plusieurs pour pousser la noix de coco contre l’anémone en ajustant les tentacules de cette dernière. C’est encore le mâle qui s’occupera des œufs jusqu’à l’éclosion, 10 jours après la ponte.

Tout sacrifier pour les générations futures

Dans les récifs de Polynésie française, dans le Pacifique sud, des milliers de mérous camouflage (Epinephelus polyphekadion) se rassemblent au bord d’un canyon. Les mâles veulent trouver une femelle prête à pondre, ils s’affrontent pour avoir la possibilité de féconder les œufs de la femelle. Mais les requins gris (Carcharhinus amblyrhynchos) patrouillent par centaines. Les courants de marées changent… c’est le moment de frayer, toutes les femelles se précipitent vers la surface pour pondre et les mâles s’élancent à leur tour pour les féconder, malgré le danger.

Dans les eaux du nord du Japon pour multiplier leurs chances de s’accoupler et d’avoir des descendants les labres à tête de mouton (Semicossyphus reticulatus) peuvent se métamorphoser, fait incroyable. Les mâles mesurent 1 m de long pour 15 kg, ils sont beaucoup plus gros que les femelles. Ces dernières, âgées de plus de dix ans, subissent une métamorphose en quelques mois : certains enzymes cessent d’être produites induisant une diffusion d’hormones mâles dans l’organisme. La femelle se transforme alors en mâle et défit celui qui est en place. Elle prend sa place et peut à nouveau s’accoupler. Seules les plus grosses femelles endurent cette transformation.  

Savoir s’adapter à son environnement

L’océan est en perpétuel évolution, et les animaux savent vivre en harmonie avec lui, contrairement à nous, humains, qui voulons faire plier la nature à nos désirs égoïstes.

Par la force gravitationnelle de la lune, chaque jour la terre devient mer et la mer devient terre, donnant des opportunités nouvelles à nombre d’espèces.
Sur les rivages tropicaux du Brésil, des milliers de crabes rouges (Grapsus grapsus) attendent que la mer se retire sur les rochers tapissés d’algues dont ils se nourrissent. C’est une course contre le temps, car tout le chemin parcouru devra être refait en sens inverse quand la mer remontera. Ajouté à cela le danger que représente l’eau… Tapis dans les rochers, des murènes guettent le passage de ces proies et les pieuvres ne sont pas en reste. Les crabes sautent de rochers en rochers en évitant de tomber dans les trous d’eau et ou de se faire emporter par les vagues.

La force des vagues creuse la falaise et façonne des cathédrales de pierres, car selon la dureté des pierres, l’érosion est plus ou moins intense. La force des vagues, quand elle se brisent sur le rivage, équivaut à 1 million et demi de tonnes d’explosifs. Mais ces architectures font aussi le bonheur des oiseaux marins qui trouvent là de véritables forteresses, comme en Arctique où la falaise n’est accessible que pas les airs et est truffée de niches et recoins.

Les macareux moines (Fratercula arctica) y ont élu domicile. Un couple est partenaire pour la vie, ils partagent les tâches, notamment celle de nourrir le petit. L’adulte doit quitter la falaise et parcourir avec la colonie plus de 50 km pour atteindre les eaux poissonneuses. Il plonge pour attraper les poissons, pouvant descendre jusqu’à 40 m de profondeur et rester plus de 1 min en apnée. Ses ailes courtes lui permettent de nager efficacement.  Mais une fois de retour, il doit affronter des oiseaux qui tentent de lui prendre son butin aux abords de la falaise, des labbes et des goélands. Leurs longues ailes profilées les rendent plus rapides et agiles que les macareux. Ils précipitent ces derniers dans l’eau en essayant de leur dérober leur prise en plein vol. Les macareux, pour s’envoler de nouveau, doivent choisir le moment propice afin d’échapper à l’attention des prédateurs et regagner le refuge des falaises.

Vie dans une forêt sous-marine

Les formations de kelp se rencontrent à divers endroits du globe. Ces algues brunes peuvent atteindre jusqu’à 60 m de haut et s’étendre sur des kilomètres formant de véritables forêts où la vie foisonne.

Au Cap de Bonne-Espérance, en Afrique du sud, deux océans se rencontrent rendant les eaux très riches avec les forêts de kelp. A peine visible une pieuvre s’y dissimule et attend sa proie. Mais des eaux riches induisent forcément un nombre de prédateurs conséquent et la pieuvre partage son territoire avec des prédateurs beaucoup plus gros comme les otaries à fourrure (Arctocephalus pusillus) ou les roussettes rubanées (Poroderma africanum) qui n’hésiteront pas à la manger. La pieuvre se camoufle à l’approche d’un requin avec des pierres, des coquillages, des algues. Le requin ne la voit pas, il sent son odeur, mais interloqué par cet amalgame de matériaux, la pieuvre profite de la déroute du requin pour s’enfuir. Ce dernier, ayant la peau dure, se faufile à travers les rochers où elle a trouvé refuge et arrive à la déloger, la pieuvre va alors lui boucher les branchies le privant d’oxygène et l’obligeant à lâcher prise. Les compétences intellectuelles des pieuvres ne sont plus a démontrer.

En Mer du nord, là aussi les espèces sont diverses et étonnantes, dans les forêts de kelp. Mais une espèce en particuliers fait des ravages, c’est l’oursin (Echinus esculentus) qui grignote toute la végétation. Il a envahi l’espace rapidement et se déplace par régiment entier provoquant des conséquences dramatiques pour les forêts sous-marines et les espèces y habitant. Leur prolifération est dû à l’absence de leur principal prédateur la loutre de mer (Enhydra lutris). Elle a longtemps été chassée pour sa fourrure. Mais depuis qu’elle est protégée, elle régule la population d’oursins, sachant qu’une mère doit manger 30% de son poids pour nourrir son petit. Les forêts de kelp se reforment et nous pouvons voir la formation de véritable radeau de loutres de mer, ce qui avait disparu depuis un siècle !

Le lien mère-enfant plus fort que jamais

L’océan change plus vite que jamais du fait des activités anthropogéniques.

40% de la banquise fond chaque été à cause du réchauffement climatique. C’est un phénomène soudain et violent empêchant toute forme d’adaptation des espèces y vivant. Cela a donc des conséquences désastreuses sur la vie sauvage, notamment celle des morses (Odobenus rosmarus). Ce sont les premières victimes de cette fonte des glaces.
En effet, chaque femelle doit trouver un endroit sûr pour que son petit se repose, il ne peut pas rester dans l’eau. Le territoire des morses ayant disparu, ils doivent partager le territoire de l’ours blanc qui est un de leur prédateur. Rester grouper est la meilleure défense, cependant il est difficile de trouver un espace assez grand et stable pour contenir un rassemblement conséquent de morses. Les femelles se battent littéralement pour une place sur la glace, quitte à faire tomber tout un groupe à l’eau. La traversée de telles épreuves renforcera à jamais les liens entre les mères et les petits qui resteront en contact toute leur vie.

La conclusion est sans appel : la vie sauvage est défigurée par le réchauffement climatique.