Prévisions de variations inter-annuelles de la richesse marine

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Savoir prédire la richesse marine en termes de production primaire des océans est un enjeu pour l’écologie, concernant les moyens mis en oeuvre pour affronter le changement climatique. Non, on ne se servira pas d’une boule de cristal ! La sortie d’une étude se focalisant sur la production de la richesse marine permet d’avoir une nouvelle approche.


La production primaire nette marine (BNP) est la base du réseau trophique marin, ainsi qu’une composante importante du cycle du carbone océanique. Elle diffère de la production primaire brute qui représente l’énergie totale assimilée par les producteurs primaires (plantes, algues…) par le biais de la photosynthèse. Le phytoplancton est responsable de prés de 75% de cette production. La production primaire nette correspond à la valeur brute moins l’énergie utilisée pour la respiration. Les variations d’une année sur l’autre, à cause des changements climatiques notamment, peuvent influer sur la disponibilité des ressources marines vivantes, comme le poisson. Ceci a donc un impact non négligeable sur le fonctionnement des grands écosystèmes marins, mais aussi sur les activités anthropiques et le cycle du carbone, enjeu majeur du changement climatique.

L’étude K. M. Krumhardt et al (2020) s’est intéressée à connaitre les facteurs et indicateurs permettant de prévoir sur un temps assez long, entre 1 et 10 ans, la production primaire. Ils se sont basés sur un système terrestre de production primaire, retranscris en terme marin.


Ce qui ressort de l’étude :

Les variations inter-annuelles peuvent être prévues entre 1 et 3 ans sur des régions océaniques tempérées à tropicales. Cependant, au niveau des régions plus froides, il est plus difficile de prédire véritablement la production primaire. Cette différence dans les données prévisionnelles s’explique par le fait qu’il est plus facile de prévoir une production dans les régions où le moteur principal est la disponibilité en éléments nutritifs, que dans des régions où cette même production dépend de la lumière et de la température (régions froides, de hautes latitudes).
Le principal intérêt de ces prévisions se joue au niveau des grands écosystèmes marins, nous permettant de gérer durablement ces systèmes notamment côtiers, face aux activités anthropiques par exemple. A l’heure actuelle, les prévisions se basent sur le principe de prévisions de persistance, c’est-à-dire que la production est considérée comme sensiblement la même d’une année sur l’autre. Nous n’avons pas de vue d’ensemble, ni de recul possible pour mettre au point des schémas d’actions adaptés réellement à la situation de l’écosystème. Ce qui est un problème assez conséquent, du fait de l’impact que peut avoir des productions de phytoplancton plus ou moins grandes sur, par exemple, les routes migratoires du rorqual bleu comme nous l’avons vu dans un article précédent (la ponctualité exemplaire du rorqual bleu), mais aussi un impact sur les activités de pêche pour l’Homme. L’impact peut se faire sentir au niveau du maintien d’espèces dépendantes du phytoplancton qui alors se trouvent sous pression si la nourriture vient à manquer.


Avec cette étude, nous pouvons affiner les données de la production primaire nette et surtout prévoir jusqu’à 3 ans les variations de cette production.
Les plans de conservation et de gestion de la faune et flore marine sont alors établis sur des périodes un peu plus grandes, qui permettent leur intégration dans un contexte plus global.


K. M. Krumhardt  N. S. Lovenduski  M. C. Long  J. Y. Luo  K. Lindsay  S. Yeager  C. Harrison (2020) Potential Predictability of Net Primary Production in the Ocean. Global Biogeochemical Cycles. First published:08 June 2020 https://doi.org/10.1029/2020GB006531