Cartographie inédite de l’impact des vagues de chaleur sur les récifs coralliens d’Hawaii

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Les récifs coralliens sont extrêmement fragiles face au réchauffement de l’océan, leur résilience est faible face à des hausses de températures extraordinaires. Alors qu’ils sont un réservoir de biodiversité important et une protection naturelle face aux déferlements de la houle sur les archipels qu’ils entourent, leur disparition n’est plus à démontrer. C’est ainsi que pour la première fois, des scientifiques américains ont pu cartographier l’étendue du désastre avant et après une vague de chaleur sans précédent sur Hawaii en 2019. Les cartes révèlent l’étendue du blanchiment des coraux, mais aussi des coraux résistants. En extrapolant ces premières données, le constat sans appel concernant l’avenir des récifs coralliens pourrait être modifié, par des mesures ciblées sur certaines espèces plus résilientes, malgré un réchauffement climatique qui s’accélère ces dernières années.

La vague de chaleur marine d’Hawaï en 2019 s’est produite de juillet à octobre, provoquant l’accumulation d’une énorme étendue d’eau inhabituellement chaude dans la région. En effet, ces canicule marine sont des épisodes inhabituels de réchauffement des températures de surface de la mer et des couches superficielles de vastes zones marines, impactant notamment les coraux. Plus précisément, la couche supérieure des coraux est constituée d’organismes vivants, les polypes, qui vivent en symbiose avec des algues microscopiques, les zooxanthelles. Celles-ci leur fournissent des nutriments et leur confèrent aussi leurs coloris. Elles sont souvent brunes ou vertes. La disparition des zooxanthelles prive les polypes de pigments : ils deviennent alors absolument blancs. C’est le cas lorsque l’eau devient plus acide ou plus chaude. Les zooxanthelles sécrètent trop de nutriments et libèrent des radicaux libres qui endommagent les cellules des polypes. Si bien que les polypes finissent par expulser ces microalgues.

Lorsque les derniers blanchissent, ils deviennent plus vulnérables à d’autres facteurs de stress tels que la pollution de l’eau. Les vagues de chaleur marines continuent de menacer et de façonner les écosystèmes récifaux en tuant des colonies de coraux individuelles et en réduisant leur diversité. Néanmoins, de nombreux récifs abritent des coraux qui persistent malgré le réchauffement des océans. En effet, les vagues de chaleur marines sont spatialement et temporellement hétérogènes, tout comme les facteurs environnementaux et biologiques qui interviennent dans la résilience des coraux pendant et après les événements thermiques. Résoudre le problème complexe du blanchissement des coraux (c’est-à-dire en déterminant quelle espèce est résiliente) et de son impact sur leur survie ou leur mort peut être essentiel à la conservation des récifs coralliens. C’est dans cet objectif que, récemment, des chercheurs de l’Arizona State University ont pu évaluer, à l’échelle d’un archipel, la mortalité et la résistance des coraux suite à une canicule marine. Les résultats sont publiés dans Proceedings of the National Academy of Sciences.

Des récifs coralliens sur cartes

Les scientifiques de l’étude ont développé une capacité de surveillance de la mortalité corallienne à grande échelle et à haute résolution grâce au Global Airborne Observatory (GAO). L’avion est équipé de spectromètres avancés, qui cartographient les écosystèmes à la fois sur terre et sous la surface de l’océan. Avec ces cartes, les chercheurs ont pu déterminer les changements dans les écosystèmes côtiers au fil du temps, entre 2019 (canicule marine) et 2020.

Greg Asner, auteur principal de l’étude et directeur du Centre ASU pour la découverte mondiale et la science de la conservation déclare dans un communiqué : « La cartographie répétée des coraux avec le GAO a révélé comment les récifs coralliens d’Hawaii ont réagi à l’événement de blanchissement massif de 2019. Nous avons découvert des « gagnants » et des « perdants » coralliens. Et ces coraux gagnants sont associés à une eau plus propre et à moins de développement côtier malgré les températures élevées de l’eau ».

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Thanks to G. Asner for his kindness and for providing me with the study.


G. Asner et al., Mapped coral mortality and refugia in an archipelago-scale marine heat wave (2022), Proceedings of the National Academy of Sciences, Vol. 119 | No. 19, https://doi.org/10.1073/pnas.2123331119