Des hommes, des éléphants et des abeilles…

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#JournéeMondialedesAbeilles

« Ne pas avoir peur des plus petits que soi », l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) ne l’entend pas de cette oreille !

Éléphants d’Afrique (Loxodonta africana)
Wikipedia ©

Au cours des dernières années, l’éléphant d’Afrique a bénéficié de mesures de protection, notamment en Afrique de l’Est (parc nationaux au Kenya et en Tanzanie), voyant de ce fait sa population augmenter, hors des zones politiquement instables et soumises au braconnage.

Mais ce constat positif fait écho à un constat négatif. Les conflits entre les hommes et les éléphants se sont multipliés au niveau des cultures. Il était donc impératif de trouver un compromis pour que les politiques de conservation ne deviennent pas néfastes aux populations rurales. Les projets de préservation de la Nature doivent tenir compte de tous les aspects d’une problématique, afin que les populations locales les soutiennent. Sans ce soutien, aucun programme ne peut réellement être mis en place, ni fonctionner.

C’est à partir de ce bilan que des recherches furent lancées, par Fritz Vollrath (Université d’Oxford), afin de trouver un moyen d’éloigner les éléphants des cultures. Il se trouve que notre géant a peur des abeilles mellifères africaines (Apis mellifera scutellata). En effet elles installent souvent leurs nids dans les trous des arbres visités par les éléphants. Un nid bousculé ou endommagé par ces derniers est une véritable menace, du fait du grand nombre d’abeilles s’attaquant en même temps à un éléphant. Certes la peau d’un éléphant est très dure d’où son nom de pachyderme (du grec ancien pakhus : « épais » et de derma : « peau ») mais il possède des zones extrêmement sensibles autour des yeux et au niveau de la trompe.

Abeille mellifère (Apis mellifera)
Wikipedia ©

L’idée était donc de se servir des abeilles comme auxiliaires de culture maintenant les éléphants éloignés, grâce à des ruches disposées stratégiquement.

L’étude a révélé que la diffusion du bruit d’un essaim faisait fuir un éléphant tout en manifestant des comportements caractéristiques comme battre des oreilles, secouer la tête, le dusting (se couvrir de poussière) et l’émission de vocalises particulières. F. Vollrath a pu démontrer que la diffusion de cette même vocalise, en l’absence de bruits d’abeilles ou d’essaim, faisait rebrousser chemin à des éléphants qui adoptaient les mêmes réactions typiques pour écarter les abeilles.

Enfin une dernière expérience conduite sur deux cultures l’une protégée par des ruches, l’autre par des buissons épineux, a établi une efficacité de protection beaucoup plus grande avec les ruches.

Ce type de protection permet également de développer l’économie locale en favorisant une nouvelle activité d’apiculture et en préservant les abeilles à l’heure où elles disparaissent …

L. E. King, A. Lawrence, I. Douglas-Hamilton and F. Vollrath, 2009 – « Beehive fence deters crop-raiding elephants », African Journal of Ecology, 47, 131–137 (doi : 10.1111/j.1365-2028.2009.01114.x)