Plantation et avenir de la planète

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Il n’est plus à démontrer le rôle essentiel des arbres dans la capture du carbone émis par les activités anthropogéniques. Une étude vient de confirmer l’impact potentiel des forêts sur le changement climatique.

Bastin et al. (2019) ont recalculé la couverture forestière mondiale par cartographie et ont pu estimer la couverture nécessaire pour absorber le carbone atmosphérique.
Ils ont découvert que, sous le climat actuel et la topographie mondiale, la superficie forestière pourrait être de 4,4 milliards d’hectares. Les images des satellites ont permis d’étudier l’évolution naturelle de forêts sous des conditions environnementales variées et de comprendre comment elles se développaient, afin de capitaliser les données pour définir un plan d’action global. En d’autres termes ne pas planter n’importe comment et n’importe quoi, ce qui équivaudrait à n’avoir rien fait au final.
L’étude précise que les chiffres n’impliquent pas de détruire des villes ou des zones agricoles, les chercheurs arguent que nous avons une fenêtre de 0,9 milliard d’hectares pour replanter des arbres, soit près de l’équivalent de la superficie des Etats-Unis.

Quels gains espérer pour ces nouvelles plantations ?

En se basant sur 0,9 milliards d’hectares, nous pourrions piéger jusqu’à 205 gigatonnes de carbone soit environ les deux tiers de la quantité de carbone libérée par les activités humaines depuis le début de la révolution industrielle !
Outre la carbone, planter un mélange d’essences natives des régions visées permettra de préserver nombre d’oiseaux, d’insectes et d’espèces liées et vivant dans ces écosystèmes restaurés.
Ces zones d’ombrages naturelles permettront également de rafraîchir des espaces qui aujourd’hui sont mis à nu et victimes des rayons du soleil, causant une diminution de l’albédo responsable du réchauffement climatique. L’albédo mesure le pouvoir réfléchissant d’une surface. Or sans la couverture protectrice des arbres par exemple, la terre absorbe beaucoup plus de rayons solaires, faisant alors augmenter sa température.
Un impact étonnant des forêts qui permettrait d’augmenter cet albédo, et donc de rafraîchir notre environnement, est celui sur la formation des nuages.

Une expérimentation menée depuis 2009 au CERN, appelée CLOUD, sur les mécanismes présents dans l’atmosphère terrestre et le rôle des aérosols, a produit des résultats inattendus quant à la formation des nuages (F. Riccobono et al. (2014) et J. Tröstl et al. (2016)). En effet, les aérosols produits par les arbres, comme la pinène, favoriseraient le regroupement de gouttelettes d’eau entre elles et, par conséquent, la formation de nuages, qui alors absorberaient une partie du rayonnement solaire.

Mais il y a urgence à agir, car il faudra un certain temps à ces forets nouvellement plantées pour atteindre l’objectif fixé en capture de CO2 et en attendant les gaz à effet de serre sont toujours produits. Les scientifique sont explicitent : d’ici 2050, si rien n’est fait nous n’aurons plus que 223 millions d’hectares disponibles pour ces arbres, ce qui ne permettra pas d’inverser la tendance du changement climatique.

C’est une opportunité unique, mais urgente, pour sauver notre planète.
Comme le soulignent les auteurs de cette étude, la meilleure façon serait de réduire l’émission des gaz à effet de serre, de changer nos modes de consommation et de vie… Les arbres représentent notre avenir, encore faut-il le faire comprendre à tous…

J-F Bastin et al. The global tree restoration potential. Science. Vol. 365, July 5, 2019, p. 76. doi:10.1126/science.aax0848

F. Riccobono et al. (2014) Oxidation Products of Biogenic Emissions Contribute to Nucleation of Atmospheric Particles. 16 May 2014:Vol. 344, Issue 6185, pp. 717-721
DOI: 10.1126/science.1243527

J. Tröstl et al. (2016) The role of low-volatility organic compounds in initial particle growth in the atmosphere. Nature volume 533, pages 527–531 (26 May 2016) https://doi.org/10.1038/nature18271