La spécificité du régime alimentaire des Ours noirs d’Asie

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La limitation du régime alimentaire à des ressources moins variées, dans le cas d’un espèce généraliste (comme l’Ours noir d’Asie) est un facteur extrêmement important dans la dynamique de population, qui peut, en période critique, permettre de tempérer les compétitions inter et intra populationnelle. Cet élément est une donnée essentielle des plans de conservation.

Les habitudes alimentaires des Ours noirs d’Asie (Ursus thibeanus) sont connues de manière précise cependant les variations individuelles liées au contexte écologique ne sont pas documentées.
Pour ce faire l’équipe de T. Mori (2019) a suivi 15 individus durant 13 mois, excluant les périodes d’hibernation (décembre à mars), via des colliers GPS et l’étude de leurs excréments.

Les résultats de l’étude montrent que, parallèlement aux oscillations saisonnières de leur alimentation pour une population entière, les variations individuelles sont bien présentes chez les Ours noirs d’Asie.
En été ces différences sont très importantes avec une spécialisation aiguë de l’alimentation quand les ressources sont moins abondantes. Sur une période où les ressources sont de nouveau disponibles, nous observons une diminution de la spécialisation. C’est le cas en automne et au printemps, saisons prolifiques pour les plantes de la famille des Fagacées, comme le hêtre ou le chêne, nourriture privilégié des Ours noirs d’Asie.

Cependant cette spécialisation n’a pu être mise en relation avec une variation entre mâle et femelle, seul un décalage chronologique semble apparaître : les femelles consomment plus tôt la fructification des Fagacées que les mâles.

Une dernière remarque est que la variation à l’intérieur des genres est considérable. L’alimentation des femelles n’est pas identique entre elles, il en va de même pour les mâles. Ce fait sous-tend que l’âge des individus, leur rang social et leur expérience de vie rentrent en ligne de compte dans l’amplitude de spécialisation du régime alimentaire de chaque individu.

Il est néanmoins à noter que l’échantillonnage reste restreint pour cette seule étude. Des échantillonnages plus grands et sur un nombre de facteurs plus important sont nécessaires pour réfuter ou confirmer ces premiers résultats.

En conclusion la spécialisation de régime alimentaire chez les Ours noirs d’Asie est une réalité mais n’est pas seulement dépendante de l’abondance et de la diversité de la nourriture, ainsi que des différences entre les genres et dans les genres.

Doi : 10.1371/journal.pone.0223911