Perte de carbone organique dans les marais salants

Publicités

Voici une brève océanique tirée d’un article de la revue Estuarine, Coastal and Shelf Science, pour fêter la journée mondiale des océans, et rappeler l’enjeu que représente les milieux côtiers dans l’évolution du changement climatique.


Petit rappel sur l’importance du carbone organique

Le carbone organique du sol provient de la transformation des débris végétaux en matières organiques et éléments nutritifs (azote, phosphore, potassium). Ces matières organiques se lient à la matière minérale du sol leur permettant de remplir un rôle tampon vis-à-vis de l’eau, de l’air, du sous-sol, de la flore et de la faune : piégeage des contaminants, régulation des gaz à effet de serre et amélioration de la fertilité, de la stabilité, de la réserve en eau et de la biodiversité du sol.


Les marais salants à marées sont d’une importance capitale dans le changement climatique par leur capacité à séquestrer le carbone. Or avec l’eutrophisation* grandissante et le changement climatique même, leur capacité semble être mise à mal. En effet ces terres sont fréquemment inondées par le jeu des marées, le sol est soumis à rude épreuve en terme de perte de matière organique. On suppose que le cycle du carbone qui s’y déroule est régit par la salinité et l’humidité du sol provenant des cycles des marées.
L’équipe de L. Juanyong et al., a décidé de mesurer l’impact de ces apports en nitrates, dus à l’eutrophisation, sur la masse organique (MO) du sol et donc sa capacité à séquestrer le carbone.

Eutrophisation : Apport en excès de substances nutritives (nitrates et phosphates) dans un milieu aquatique pouvant entraîner la prolifération des végétaux aquatiques (parfois toxiques). Pour les décomposer, les bactéries aérobies augmentent leur consommation en oxygène qui vient à manquer et les bactéries anaérobies se développent en dégageant des substances toxiques : méthane, ammoniac, hydrogène sulfuré, toxines, etc.

L’équipe a simulé d’une part les inondations sur le sol des marais salants et un apport de nitrates supplémentaire d’autre part, en supposant que la perte en MO serait sensible à une augmentation en nitrates.

Les conclusions sont les suivantes

    • L’augmentation de la fréquence des inondations a entraîné une augmentation des émissions de méthane et des pertes de MO mais moins de CO2 relâché.
    • L’apport d’azote affaiblit le contrôle de la fréquence d’inondation sur la perte de MO.
    • L’humidité du sol est le principal facteur influençant les émissions de CO2 et de méthane du sol.
    • La perte de MO dans le sol est corrélée positivement à l’augmentation des fréquences d’inondations

    Conclusion

    L’équipe a donc mis en évidence que la variation verticale de l’humidité du sol induite par l’inondation est un facteur clé contrôlant la perte de MO dans les marais salants de marées, bien que l’apport d’azote puisse affaiblir ce contrôle. Les marais salants sont donc impactés par le changement climatique et le maintien en bonne santé de cet écosystème particuliers est un enjeu non négligeable dans notre lutte contre le changement climatique.


    L. Juanyong et al. (2020) Nitrogen input weakens the control of inundation frequency on soil organic carbon loss in a tidal salt marsh. Estuarine, Coastal and Shelf Science, Available online 7 June 2020, 106878 In Press.
    DOI: https://doi.org/10.1016/j.ecss.2020.106878