A l’heure où nous voulons révolutionner l’agriculture pour qu’elle soit raisonnée et n’entre pas en conflit avec la protection de la biodiversité et permettre toujours de nourrir l’humanité, une étude sur la diversité végétale au sein des parcelles agricoles tente de comprendre comment elle s’organise et quels sont les freins à cette biodiversité.
L’étude de K. Riibak et al. a été réalisée en Estonie, en Europe du Nord, testant comment les caractéristiques de dispersion et de persistance des espèces (production de graines, distance de dispersion potentielle et capacité clonale) dépendent du paysage et des facteurs environnementaux locaux.
Les données collectées sur 31 parcelles ont permis de définir quelles plantes auraient dû s’y trouver en fonction des milieux et de comparer à la réalité du terrain, ce qu’ils nomment la diversité sombre (celle qui est absente alors qu’elle devrait être implantée dans le milieu).
Les observations se firent à deux échelles : paysage (10 ha autour de la parcelle) et régionale (autres prairies visitées). Sur chaque terrain, les données physiques et biologiques furent relevées comme les différentes caractéristiques du sol, disponibilité de la lumière et biomasse végétale.
Les principales conclusions qui ressortent sont que
- La diversité végétale des prairies est souvent faible dans les paysages agricoles
- La dispersion et la disponibilité de l’habitat, ainsi que la capacité de production des graines, ont limité l’exhaustivité des prairies à l’échelle régionale
- La productivité locale (conditions environnementales locales) limite la diversité à l’échelle du paysage.
Les espèces dispersent mieux lorsque leur habitat est entouré de prairies jeunes et non de prairies anciennes clairsemées et à végétation hétérogène. En d’autres termes la présence de bons disperseurs dans les prairies et le point crucial pour un état écologique bon des milieux agricoles permettant une biodiversité conséquente.
Prairie en montagne
Wikimedia (c)
En conclusion pour soutenir une grande diversité taxonomique et fonctionnelle dans les paysages agricoles, permettant une bonne productivité et la bonne santé de l’écosystème, il est primordial d’augmenter la superficie et la connectivité des parcelles de prairie et de maintenir leur gestion modérée par le fauchage ou le pâturage.
K. Riibak, J. A.Bennett, E. Kook, Ü. Reier, R. Tamme, C. G. Bueno, M. Pärtel (2020) Drivers of plant community completeness differ at regional and landscape scales. Agriculture, Ecosystems & Environment. Volume 301, 1 October 2020, 107004
https://doi.org/10.1016/j.agee.2020.107004