Une étude réalisé au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris sur les capybaras révèle la présence de comportements prosociaux et permet d’analyser l’influence de la hiérarchie. Présentent-ils plus facilement des comportements “altruistes” dirons nous, quand on est dominant ou au contraire dominé ? Début de réponse ici !
Qu’est ce qu’un comportement prosocial ?
Un comportement est considéré comme altruiste s’il entraîne un bénéfice direct pour le receveur et un coût immédiat pour le donneur. Un comportement prosocial, comme un comportement altruiste, induit un bénéfice pour le receveur mais, à l’inverse de ce dernier, n’implique pas forcément de coût pour le donneur.
Une composante importante de ces comportements est la notion d’empathie. Avoir de l’empathie c’est se préoccuper des états émotionnels d’autrui et de tenter de les améliorer. Par exemple chez les éléphants ce genre de comportement s’observe pour aider un congénère en détresse ou chez des rats au cours d’une situation artificielle en laboratoire dans laquelle les individus ont préféré libérer un congénère plutôt que d’atteindre la nourriture.
L’étude
Capybara,
Wikipedia
Le capybara ou le grand cabiai (Hydrochaeris hydrochaeris) est le plus gros rongeur connu. Il a une importante ossature lui permettant de supporter une masse graisseuse importante. C’est un animal très bien adapté à la vie semi-aquatique, sa masse graisseuse lui donnant de la flottabilité. Ils vivent dans des zones boisées, près d’étendues d’eau, dans une grande partie de l’Amérique du Sud, de l’Équateur jusqu’au Paraguay. Il vit en groupes familiaux composés d’un mâle dominant, de jeunes mâles, de plusieurs femelles et de leurs petits.
L’étude s’est intéressée à une groupe de 4 individus, répartis en deux dyades, dont la dominance a été déterminée avant, pendant et après le test.
Ils ont donc été soumis à un test de choix prosocial. Il s’agit d’un test dans lequel l’animal peut choisir entre trois jetons :
- jeton 1 : il récompense simultanément le sujet et un destinataire = jeton prosocial
- jeton 2 : il récompense uniquement le sujet = jeton égoïste
- jeton 3 : il ne récompense personne = jeton nul
L’analyse des données a révélé que la hiérarchie avait une influence sur le choix du jeton dans les dyades.
En effet, il y a comportement prosocial d’un capybara si cela est tourné vers un individu subordonné. Alors que si le capybara receveur est dominant, la survenue de ce type de comportement est réduite.
Pourquoi ? Les auteurs avancent une hypothèse de renforcement de rang social face aux subordonnées, et la volonté de punir les individus agressifs qui sont les dominants, donc pas de comportements prosociaux en leur faveur.
L’étude a aussi révélé que les comportements prosociaux étaient plus souvent réalisés envers des animaux eux mêmes prosociaux. Comme le dit Confucius “Agissez envers les autres comme vous aimeriez qu’ils agissent envers vous.”
Conclusion
Les comportement prosociaux sont bien connus chez nous. On détermine d’ailleurs chez l’enfant la survenue de ces comportements en psychologie vers l’âge de 3 ans et cela évolue tout au long de l’enfance en fonction du milieu de vie notamment et permet une meilleure interaction avec ses pairs. Ces comportement semblaient être cantonnés aux primates dans les études. Mais ces résultats suggèrent que dans d’autres taxons, les comportements prosociaux peuvent survenir. Il serait alors intéressant de produire des analyses plus longues chez des espèces potentiellement prosociales pour comprendre les règles subtiles qui semblent définir la mise en place ou non de comportements prosociaux dans un groupe d’animaux. Affaire à suivre ! 🙂
Mathilde Lalot, Agatha Liévin-Bazin, Aude Bourgeois, Michel Saint Jalme, Dalila Bovet. Prosociality and reciprocity in capybaras (Hydrochoerus hydrochaeris) in a non-reproductive context. Behavioural Processes, Volume 188, 2021, 104407, ISSN 0376-6357,
https://doi.org/10.1016/j.beproc.2021.104407.