Des chercheurs ont développé une méthode pour prédire la coexistence des espèces végétales. Basée sur l’analyse des historiques de vie, cette approche pourrait révolutionner notre compréhension de la biodiversité et orienter les efforts de conservation de manière plus précise et efficace.
Dans le monde complexe de la biodiversité, la coexistence des espèces végétales dans un même habitat est un phénomène qui a longtemps suscité l’intérêt des scientifiques. Comment certaines plantes parviennent-elles à partager les mêmes ressources sans s’évincer mutuellement ? Quels sont les mécanismes qui régissent cette harmonie apparente ? Ces questions, au cœur des préoccupations écologiques actuelles, sont essentielles pour comprendre et préserver la richesse de nos écosystèmes.
Une équipe de chercheurs de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, dirigée par le professeur de biologie végétale James O’Dwyer et l’étudiant diplômé Kenneth Jops, a fait une percée significative dans ce domaine.
Une méthode révolutionnaire
L’équipe a développé une méthode pour prédire si des paires ou des groupes d’espèces végétales sont susceptibles de coexister dans le temps. Cette approche repose sur l’analyse des historiques de vie des espèces, qui comprennent des informations telles que les taux de mortalité, les taux de reproduction, le nombre de graines produites et la vitesse de croissance à chaque étape de la vie d’une plante.
Ces données sont ensuite utilisées pour calculer la « taille effective de la population » (EPS), une mesure clé de la capacité d’une espèce à survivre et à prospérer dans un habitat donné. L’équipe a découvert que si deux espèces végétales ont des EPS approximativement équivalentes, elles sont plus susceptibles de coexister dans le temps.
Comprendre les modèles de biodiversité pour une meilleure préservation
Les résultats bouleversent les certitudes sur les modèles actuelles de biodiversité. En effet, ils suggèrent que la coexistence des espèces végétales n’est pas simplement une question de chance ou de compétition pour les ressources, mais qu’elle est également influencée par les stratégies de vie complémentaires des différentes espèces.
Cette nouvelle méthode pourrait également avoir des implications importantes pour la préservation de la biodiversité. Concrètement, elle permettra aux scientifiques de prédire plus précisément quels groupes d’espèces sont susceptibles de survivre dans un habitat donné, aidant à orienter les efforts de conservation.
Cependant, les chercheurs soulignent que leur méthode nécessite la collecte de données détaillées sur l’histoire de vie de chaque espèce, ce qui peut être une tâche ardue. De plus, la base de données actuellement utilisée pour tester leur méthode ne comprend que 800 à 1000 espèces végétales, ce qui représente une infime fraction de la diversité végétale mondiale.
Les défis à relever
Il reste donc beaucoup à faire pour affiner et tester cette méthode. Les chercheurs prévoient d’appliquer leur approche à des ensembles de données plus importants, comprenant plus d’espèces et de types d’habitats. Ils espèrent que cela permettra de confirmer la validité de leur méthode et d’élargir son applicabilité à une plus grande diversité d’espèces et d’habitats.
En outre, ils appellent à une collecte plus systématique des données sur l’histoire de vie des espèces végétales. Selon eux, cela permettrait non seulement d’améliorer la précision de leur méthode, mais aussi de mieux comprendre les modèles de biodiversité à l’échelle mondiale.
Malgré ces défis, cette recherche souligne l’importance de la science pour comprendre et préserver notre monde naturel. De plus, elle souligne également le rôle crucial que jouent les scientifiques dans la découverte de nouvelles connaissances qui peuvent nous aider à protéger et à préserver la biodiversité pour les générations futures.
Kenneth Jops, dans un communiqué, conclut : « La biodiversité des plantes est une question énorme et complexe et je suis heureux que nous ayons pu éclairer un peu la façon dont l’histoire de vie s’intègre dans ce puzzle ».
Source : Jops, K., O’Dwyer, J.P. Life history complementarity and the maintenance of biodiversity. Nature (2023). https://doi.org/10.1038/s41586-023-06154-w